DOCUMENTAIRE, 53 mn, 2003
PRODUCTION LABEL VIDÉO
DIFFUSION PLANÈTE, FRANCE 3 CORSE, 2004
C'ÉTAIT RÉPONDRE AU FEU DE L'ÉTAT AVEC LES MÊMES ARMES. ILS NOUS TIRAIENT DESSUS, IL FALLAIT BIEN SE DÉFENDRE. CESARE BATTISTI
RÉSUMÉ DU FILM
Les ouvrages se réclamant de la mémoire n'ont pas manqué, films et romans sur les années pendant lesquelles des milliers, peut-être des dizaines de milliers de jeunes Italiens décidèrent de prendre les armes contre un système qu'ils jugeaient intolérable, tandis que d'autres dizaines, peut-être centaines de milliers, qui n'avaient pas fait de choix aussi radicaux manifestaient toutefois leur opposition sur la place publique. Pourtant, l'aspect existentiel, parfois tragique, mais aussi joyeux, sinon délirant de cette expérience est demeuré presque toujours absent de l'abondante production sur le sujet. Il fallait un auteur condamné à l'exil après une évasion, une condamnation digne d'un tribunal militaire pour parcourir sans animosité mais avec passion des années dont il est encore difficile de parler aujourd'hui sans évoquer de fumeux complot ni verser des larmes de contrition. Battisti est un homme peu enclin aux pleurnicheries. Il n'est pas non plus disposé à invoquer un quelconque pardon pour lui ou pour les autres. La lumière qui brille dans ses yeux, après une décennie de souffrances et de fuites, a encore la couleur du sarcasme. Son expression est celle d'un gamin au sourire espiègle. Valerio Evangelisti.
Portrait de Cesare Battisti, l'homme et l'écrivain, à travers la chronique d'une écriture en cours. Un roman, une œuvre de mémoire et de réflexion sur toutes « les résistances » qui ont traversé le XX siècle et qui expose le destin de trois générations d'une famille italienne du sud de Rome, victimes d'une même fatalité.
Qui est Cesare Battisti ? De quoi se nourrit son imaginaire ? Comment son vécu, son passé dans la lutte armée, sa condamnation en Italie à la prison à perpétuité, sa vie en exil, se transforment-ils en matière littéraire ? Et surtout, vingt ans après, quel regard porte-t-il sur ces « années de plomb » ?
FICHE TECHNIQUE
CESARE BATTISTI, RÉSISTANCES. Un film de Pierre-André Sauvageot. Image : Joseph Brettrager. Son : Stéphane Kayler. Montage : Véronique Holley. Musique originale : Serge Paget. Une production Label vidéo. Avec le soutien du Centre National de la Cinématographie, de France 3 Corse, de la Procirep Angoa Agicoa et de la Région Aquitaine.
PRESSE
LIBÉRATION - 7 avril 2003
DOCU. Entretien avec l'écrivain italien menacé d'extradition.
BATTISTI REFAIT L'HISTOIRE
« Pourquoi moi ? » se demande Cesare Battisti. C'est la question laquelle peut tenter de répondre un homme arrivé au milieu de sa vie. Pouquoi a-t-il été un militant de la lutte armée dans les années 1970 en Italie ? Pourquoi est-il exilé de son pays depuis 20 ans ? Pourquoi écrit-il des livres ? Pour le suivre dans ses multiples réponses personnelles, Pierre-André Sauvageot a choisi d'en passer par l'écriture du dernier livre de Cesare Battisti, Cargo sentimental, paru l'an dernier. Une autofiction sur la filiation, l'amour et la lutte. C'est à travers ce travail autour du livre que l'auteur de polars revient sur lui-même devant la caméra. Une autre facette de celui qui est aujourd'hui menacé d'extradition vers l'Italie pour quatre assassinats commis au non des « prolétaires armés pour le communisme » en 1978-1979, qu'il continue de nier.
Filmé dès avant cette menace d'expulsion en Italie où il est condamné à perpétuité, Battisti est tout à ses questions d'écrivain qui sont aussi celles d'un homme qui fut pris dans les soubresauts de l'après 1968 italien. Derrière ses personnages de roman, le fond de l'intrigue est celui des résistances dans cette dernière moitié du XXe siècle. Entouré de cartes d'Italie, il refait l'histoire. Celle de sa famille communiste, de son père engagé par hasard dans la Résistance, et de son propre engagement dans les années 1970. Ces années militantes qu'il revendique (« ce sont les choses les plus joyeuses que j'ai faites dans ma vie »), qui furent bientôt ces « années de plomb » où il s'engage dans la lutte armée (« Ils nous ont poussé à prendre les armes, dit-il. Un piège où nous sommes tombés. Et ainsi ils ont détruit le plus grand mouvement culturel de l'après guerre »).
En naviguant de la vie à la fiction (et retour), Cesare Battisti s'offre des transferts d'angoisse comme il dit, des points de vue différents sur le monde. Ceux des trois générations de ses personnages. Le grand-père (petit voleur résistant), le père (le narrateur), la fille. « Le protagoniste est conscient de vivre la fin d'une époque. Malgré les risques qu'il encourt, il part à la recherche de sa fille qu'il n'a jamais vue. » Une fille « projetée dans un futur où les armes n'ont pas de place » dit-il. C'est cette jeune fille que la caméra recherche dans un bistro de Bordeaux où erre le narrateur. Il sait que c'est elle qui a aujourd'hui des choses à lui apprendre sur la vie. Pour lui pourtant, il n'y a pas de génération perdue. Que « des histoires qui se tiennent par la main ». Annick Peigné-Giuly.